La scène locale (du Mans) a besoin d'air
Jason Métivier monte l'association Musique équitable
Jason Métivier se bat pour que les artistes locaux puissent s'exprimer et se faire connaître du grand public au même titre que les grosses machines. Une nouvelle association, Musique équitable, vient de voir le jour. Montée par Jason Métivier elle a pour mission d'aider les artistes locaux à se faire connaître des médias et du grand public dans un univers musical de plus en plus concentré. Le 21 janvier l'association organisera son premier concert avec Krêposuk et Ekce Tera, à la salle Oasis.
Jason en a marre ! Depuis des années, il se bat pour le label Prod MC et ses poulains Krêposuk, Chuck, Starcomptines, Sam Alpha, Gaëlle et Émilien... Il frappe sans cesse aux portes des radios, envoie des e-mails en rafale, organise des concerts, des show-case, négocie des espaces promotionnels... Mais il a parfois l'impression de se battre contre des moulins. « Il n'y a jamais eu autant de salles et pourtant la musique est de plus en plus concentrée et cloisonnée. Aujourd'hui, ce sont les trois grandes majors qui font leur truc entre elles au détriment de la diversité culturelle. Et on fait croire aux gens qu'il ne se passe rien en dehors de ce qu'elles proposent. »
Plutôt que de ruminer dans son coin, Jason Métivier a décidé de passer à l'acte en montant l'association Musique équitable. « L'idée c'est d'aider les artistes locaux à se faire connaître des médias et du grand public. J'apporte mes contacts, ma connaissance du milieu et les ouvertures que je peux avoir. » Ce que Jason regrette c'est le peu d'espace laissé aux artistes locaux à la radio (hors radios associatives) ou dans les programmations des salles de concert. Quant à la télé, « n'en parlons pas ! ». « Autrefois, lorsqu'une vedette passait quelque part, elle prenait un groupe local en première partie. Maintenant, soit il n'y en a tout simplement plus, soit c'est un poulain du groupe de la major qui produit la star ». Bref, les groupes n'ont pas 36 solutions. « Ici, il n'y a pas de salles à petites jauges adaptées aux artistes locaux. Comme nos artistes ne sont pas programmés dans les salles locales, le seul moyen, c'est de louer une grande scène. Ça coûte cher et tu prends tous les risques ! » Le samedi 21 janvier, l'association se jettera dans le grand bain... de l'Oasis ! « Sans nos partenaires, nous n'aurions jamais pu le faire. Trop cher. » Au menu de la soirée : rock festif avec Krêposuk et Ekce Tera.
Jason sait qu'il faut avoir les reins solides pour vivre de sa musique hors des grands courants médiatiques. « C'est incroyable qu'aujourd'hui en France quand tu dis que tu fais de la musique on te répond : « Ouais, et à part ça, c'est quoi ton métier · » Nous, on essaie d'en vivre. Il y a beaucoup plus de labels en Angleterre qu'ici et ça marche pourtant très bien. C'est une autre culture. Mais ça prouve qu'il y a de la place pour tout le monde. »
La charte de Musique équitable fait un certain nombre de propositions en faveur des artistes locaux, comme la limitation des passages radio des artistes de majors, baisse du prix de la musique ou l'accès plus équitable à la découverte de musiques indépendantes.